Le « valifofo » : le mariage forcé des enfants dans le Sud de Madagascar - Partie 2

Si la plupart des enfants au Sud de l’île, dès leur naissance, ne peuvent en principe éviter leur supposé destin connu sous l’appellation de « valifofo », d’autres tentent, au contraire, de s’y échapper en fuyant leur famille ainsi que la tradition.

Beraketa, un des 23 fokontany composant la commune urbaine de Sakaraha, est assez particulière. Cette localité abrite plusieurs jeunes filles et jeunes garçons victimes de cette pratique. Elle est en quelque sorte devenue un refuge pour les jeunes en détresse familiale. Des filles à peine âgées de 15 et 16 ans ont fui leur lieu de résidence au fin fond de la campagne pour s’y réfugier. Elles sont hébergées par des parents lointains, consternés par leur cas. Certaines d’entre elles veulent poursuivre leurs études et n’envisagent plus de retourner chez elles. D’autres termineront leurs études primaires et rejoindront leurs maris.

Suite à une investigation faite quelques témoignages poignants de ses victimes montrent à quel point ils veulent être libres et jouir de leurs droits en tant qu’enfant, sans pour autant vivre en permanence contre leur gré. Il en est ainsi des cas de certaines jeunes filles ayant répondu que:

« J’ai dû accepter cette union car j’ai besoin de la bénédiction de mes parents, bien que ce mariage forcé ne m’apportera que du chagrin » ou encore « Je ne veux pas me marier avec un homme que je ne connais pas et que je n’ai jamais vu. Je projette évidemment de me marier plus tard, après mes études, avec l’élu de mon cœur ». 

D’autres jeunes garçons ont également exprimé leur désir de ne pas vouloir vivre cette vie, sauf que cela s’est retourné contre eux, au point d’être renié définitivement de leur famille. L’un des garçons disait « J’ai signifié clairement à mon père que je voulais poursuivre mes études car j’envisage de devenir gendarme ou militaire. Je lui ai également révélé que j’aimais une autre fille. Mon père a catégoriquement contesté mon choix et m’a renié. Il n’avait pas envie de rendre les bœufs que mes présumés « beaux-parents » lui ont offerts. Il s’est disputé avec ces derniers et a rompu leur lien. »

L’autre garçon, quant à lui, racontait : « Mon père m’a intimé d’arrêter mes études et de me consacrer pleinement à ma petite femme. J’ai accepté à contrecœur pour ne pas le froisser. On n’était pas conscient de ce que les grandes personnes attendaient de nous.

On nous a dit que nous étions mari et femme mais on ne savait pas exactement ce qu’on devait faire pour cela ». A 15 ans, il n’en pouvait plus alors il a décidé de parler à son père : « Je lui ai dit que je ne voulais plus continuer cette vie. Je l’ai convaincu de parler avec l’autre famille, ce qu’il a fait. Cette décision a entraîné une rupture des liens entre les deux familles. Mon père a accepté mon choix mais a tout de même refusé de payer mes études ».

Bien que cette tradition se soit perpétuée jusqu’à maintenant, je pense qu’il est temps de dissoudre cette pratique car tous les enfants méritent de s’épanouir dans un environnement où leurs droits sont respectés et protégés. Autrement dit, ils ont le droit d'aller à l'école, le droit d'être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute autre forme d'abus et d'exploitation que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant  prévoit.

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