Le « valifofo » : le mariage forcé des enfants dans le Sud de Madagascar – Partie 1

Le mariage précoce est souvent associé aux traditions qui se perpétuent, mais également à la pauvreté et au manque d'éducation.

Le mariage avant l’âge de 18 ans est une violation des droits de l’homme, mais reste une réalité pour de nombreux enfants malagasy parmi lesquels deux filles sur cinq se marient ou entrent en union conjugale avant leur majorité, faisant de Madagascar l’un des pays où le taux de mariage des enfants est des plus élevés au monde. Malgré son interdiction, il continue néanmoins à être un phénomène normal dans certaines régions de Madagascar.

Effectivement, au Sud de l’île, plus précisément dans la région Androy, cette pratique est dénommée le « valifofo ». Ce dernier demeure une pratique très répandue pour faire face à la pauvreté. Des petites filles sont forcées d’épouser des hommes souvent appelés « patron-na omby » ou des hommes riches et propriétaires de cheptel pour combler le paupérisme des parents. Ces petites filles n’ont pas de choix sauf d’accepter et d’être à la merci des hommes, au risque d’être reniées par leurs parents.

En outre, les petits garçons aussi en sont victimes même si on n’en parle pas assez. En effet, selon MICS 2018, la région présente une proportion de mariage d’enfants assez élevé : 55% pour les filles et 26% pour les garçons.

Selon la tradition Antandroy, un enfant peut être réservé en mariage avant même sa naissance. L’enfant sera marié avec cette personne dès sa puberté, à partir de l’âge de 11 ans ou 12 ans, contre une dot d’environ 200.000 Ariary à 400.000 Ariary et un zébu, selon le marchandage. L’enfant risque ensuite la grossesse précoce, la déscolarisation ou le travail.

Par ailleurs, d’autres tribus cautionnent ce mariage afin de préserver les liens du sang ou encore de perpétuer les relations de serment entre ce qu’on appelle les « mpifati-drà », des personnes qui n’ont aucun lien parental mais qui scellent leur union en échangeant leur sang par une petite incision de la poignée.

Ce mariage coutumier est répréhensible mais, apparemment, les autorités ferment les yeux face à cette transgression. Même si à Madagascar, on dit toujours que personne n’est au-dessus de la loi, le “valifofo” manifeste un exemple concret où les mœurs surpassent la loi.

Actuellement, les adeptes de ces usages sont devenus très discrets. Par conséquent, les naissances issues de ces mariages précoces et coutumiers ne sont déclarées civilement qu’après 5 à 10 ans de l’union, ayant des conséquences sur les statistiques de l’état civil de la mairie. Les femmes enceintes n’accouchent dans les hôpitaux qu’en cas de complications. Les familles font généralement appel aux matrones, ce qui présenterait également un risque par rapport à la santé du bébé et de la mère.

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